Si le reggaetón connait aujourd’hui un succès international, bien au-delà des frontières de l’Amérique latine, le moins que l’on puisse dire est que ses origines, et même la signification du mot, sont l’objet de vifs débats, ainsi que la musique (et ses paroles) en elle-même.
La naissance du reggaeton
Ce qui est certain, c’est que le reggaetón apparait dans les années 90, trouve son origine dans le reggae chanté en espagnol, et s’est développé au départ principalement à Panama et à Porto Rico. Il y a 3 hypothèses sur l’origine du nom : reggae + tón, superlatif espagnol signifiant « très beau » ; reggae et maratón, ou bien reggae des villes (towns en anglais).
A Panama, les premiers artistes de reggaetón s’inspirent à la fois du Dancehall jamaïcain et du raggamuffin, comme « El General », en 1991. A Porto Rico, s’y ajoute l’influence du hip-hop américain, traduit en espagnol ; d’abord apprécié par les blanquitos, jeunes surfeurs blancs issus des classes aisées, il s’étend dans les années 90 à la jeunesse des quartiers pauvres.
Comme le hip-hop et le rap, le reggaetón parle explicitement de violence, de drogue, de pauvreté, d’homophobie, de sexe, et se diffuse d’abord de manière illégale, contesté par les autorités pour les messages qu’il véhicule. Les titres de DJ Negro et DJ Playero, en 1993 et 1994, sont ainsi interdits, ainsi que ceux de Daddy Yankee, qui connaitra en 2004 un succès mondial avec « Gasolina ». Le reggaetón se fait alors plus dansant, moins revendicatif aussi, et donc plus commercial.
Le reggaetón à la conquête du monde !
Au milieu des années 2000, le reggaetón sort des frontières de l’Amérique latine, et connait un large succès international, notamment dans les communautés latinos des Etats-Unis, et en Espagne. L’album King of Kings, de Don Omar, figure ainsi dans le Top 10 américain en 2006. Il est aujourd’hui très populaire dans toute l’Amérique latine et l’Amérique du Sud.
A Cuba, le reggaetón a donné naissance à un genre musical à part entière, le Cubatón : si les thèmes sont bien ceux du rap, la musique y est beaucoup plus mélodique, plus festive, inspirée des rythmes cubains de la salsa et de la timba, faisant une large place aux percussions cubaines (timbales et congas notamment). Ce qui n’empêche pas que certains titres soient contestés, pour leurs propos machistes en particulier, comme en témoigne la polémique récente (fin 2011) autour du titre Chupi chupi, d’Osmani Garcia.
Ces critiques sont celles que l’on retrouve un peu partout dans le monde à propos du rap : pauvreté musicale, violence des paroles, mais aussi vulgarité des rythmes dansants mimant explicitement la sexualité. Ce qui n’empêche pas d’une part, son succès populaire, d’autre part, une fusion musicale avec d’autres genres musicaux, que ce soit la cumbia, la salsa, la merengue, la techno, la bachata ou la pop latine.
À écouter, une sélection de titres, proposée par ce site qui offre un article très complet sur le reggaetón : http://www.juliensalsa.fr/musique-cubaine-reggaeton.php
Quelques curiosités à signaler : un groupe péruvien d’origine japonaise, Los Kalibres, a réalisé un album en japanõl, mélange de japonais et d’espagnol ; les rythmes du reggaetón ont aussi été utilisés pour des clips électoraux, notamment au Pérou en 2006, et à destination des latinos américains pour soutenir la campagne d’Obama en 2008.
En Europe, le reggaetón ne rencontre pas un succès aussi rapide qu’aux Etats-Unis, à l’exception de l’Espagne, mais se diffuse tout de même, notamment dans les clubs latinos ; une Nuit du reggaetón a eu lieu au Zénith de Paris en mars 2012, dont on peut voir une série de vidéos ici :
Pour ma part, je n’aime pas trop ce style musical. Les goûts et les couleurs…
Et vous ?