Ce mouvement de guérilla fit trembler l’Etat Péruvien à la fin du précédent siècle. Mais qu’est au juste ce mouvement ? Qu’en reste-il ?
Un mouvement d’extrême gauche
Le Sentier lumineux est le nom courant d’un mouvement dissident du Parti communiste péruvien, fondé en 1968 par Abimael Guzman, professeur de philosophie à l’université d’Ayacucho. Son appellation complète est PCP-SL, pour Partido Comunista del Peru – Sendero Luminoso.
D’inspiration maoïste, le mouvement se développe dans un contexte de révolte amérindienne latente, fédère les laissés pour compte de la réforme agraire de 1969 et des étudiants paysans qui terminent leurs études avec un diplôme sans valeur en raison de la ségrégation raciale et linguistique. Fonctionnant dans une logique de guérilla, le Sentier lumineux prône l’encerclement des villes par les campagnes à travers trois types d’actions : une campagne d’agitation et de propagande ; une offensive généralisée contre l’Etat et son pouvoir militaire ; une guerre totale jusqu’à la chute des villes assiégées.
Le Sentier lumineux rejette toute action commune et tout lien avec d’autres mouvements politiques ou sociaux. Les Sinchis, le corps spécial chargé de la répression, et les guérilleros ont recours aux mêmes techniques : chantages, intimidations, assassinats, visant une politique de la terre brûlée.
Les premières actions spectaculaires, d’abord symboliques, ont lieu au début des années 80 : incendie d’urnes électorales à la veille des élections, mais prennent très vite l’ampleur d’actes terroristes, jusqu’au cœur de Lima. Le Sentier lumineux contrôle rapidement certaines régions rurales du Pérou, notamment dans les Andes et le Piémont amazonien, et s’implante dans les villes, en particulier dans les bidonvilles de Lima. Dès cette période, l’organisation tire une grande part de ses revenus du trafic de drogue. La répression des gouvernements successifs est tout aussi violente et meurtrière que les actions de la guérilla.
En 1992, le chef historique du mouvement, Guzman, est arrêté et condamné à la prison à vie. Il appelle ses partisans à signer un accord de paix avec le gouvernement en 1993. Si la guérilla est considérablement affaiblie par cette arrestation, une partie de ses militants, regroupée autour du mouvement Proseguir, Poursuivre, continue la lutte armée, repliée principalement dans la région des fleuves Apurimac et Ene, au sud-est du pays, et concentre ses attaques essentiellement en direction des policiers et des militaires, représentants du pouvoir de l’Etat.
L’état actuel du Sentier Lumineux
On estime qu’entre 1980 et 2000, cette guerre civile entre la guérilla et l’Etat a fait près de 70 000 morts et disparus, essentiellement dans les populations civiles paysannes.
Actuellement, le Sentier lumineux persiste à travers deux factions opposées : l’une, historique, basée au nord-est du Pérou, dans la région de l’Alto Huallaga. Son dirigent, Florindo Flores, dit Artemio, a été arrêté et grièvement blessé par l’armée péruvienne en février 2012. Peu de temps auparavant, en décembre 2011, Flores avait déclaré aux médias locaux qu’il considérait la guérilla et qu’elle renonçait à ses attaques. Il avait également souhaité l’ouverture de négociations avec le gouvernement, qui avait rejeté toute possibilité de trêve ou de négociation.
Une seconde branche, basée au sud-est, dans la région d’implantation historique du Sentier lumineux, et hostile aux partisans d’Artemio, poursuit, elle, la lutte armée, faisant environ 20 à 30 morts par an dans des affrontements avec la police et l’armée.
Comme vous le voyez, ce mouvement a beaucoup perdu en force. En tant que voyageur au Pérou, il y a très peu de chance pour que vous y soyez confronté !