L’année 2013 marque le 40e anniversaire de la mort de Pablo Neruda, à l’honneur entre autres en France de la 15e édition du Printemps des Poètes.
Un parcours exceptionnel
Cet hommage coïncide avec l’exhumation de la dépouille du poète chilien, qui aura lieu début avril, afin de déterminer s’il est décédé de mort naturelle (une crise cardiaque consécutive à un cancer de la prostate), ou bien empoisonné, comme le pensent certains de ses proches, et le Parti communiste chilien. C’est l’occasion de revenir sur le parcours exceptionnel de celui qui fut l’une des personnalités marquantes du Chili, à la fois dans le monde politique et culturel, et dont l’œuvre reste lue, connue et admirée dans le monde entier.
Pablo Neruda naît le 12 juillet 1904 à Parral, dans la province de Linarès, sous le nom de Ricardo Eliecer Neftalí Reyes Basoalto. C’est au cours de ses études littéraires à Santiago qu’il prend son pseudonyme, en hommage au poète tchèque Jan Neruda. Il publie son premier livre à 19 ans, et entame parallèlement une carrière diplomatique, qui le verra consul successivement en Birmanie, au Sri Lanka, à Djakarta, en Inde, en Argentine et en Espagne, où il arrive peu avant le coup d’Etat de Franco.
Il s’y lie notamment avec les écrivains Federico Garcia Lorca et Rafael Alberti. En 1939, il revient en Amérique du Sud, après avoir affrété un bateau pour emmener au Chili des réfugiés espagnols de la guerre civile. Elu au Sénat en 1945 dans les rangs du parti communiste chilien, mais doit s’exiler après l’élection du président Gonzalez Videla.
Il revient dans son pays en 1952, mène une double carrière politique, comme soutien de Salvador Allende et littéraire (son œuvre principale, le Cante generale, était paru en 1950 au Mexique), consacrée par le Prix Nobel de Littérature en 1971. Il meurt le 23 septembre 1973, une dizaine de jours après le coup d’Etat qui renverse Allende : sa maison est alors pillée, ses livres brûlés, sa maison d’édition saccagée.
Un poète de son temps engagé
L’œuvre de Neruda, essentiellement poétique, est écrite dans une langue simple, imagée, volontairement accessible à tous, reflet des grands thèmes de sa vie : l’histoire et les traditions, la culture populaire du Chili, et de toute l’Amérique du Sud, l’exil, les luttes politiques, l’amour.
Il puise son influence à la fois chez les surréalistes, ses contemporains espagnols, Garcia Lorca et Alberti. Son écriture se fait volontiers lyrique, puissante. Son œuvre compte une cinquantaine d’ouvrages, parmi lesquelles les plus célèbres sont Cante generale, La centaine d’amour (Cien sonetos de amor, 1959), J’avoue que j’ai vécu (Confieso que he vivido, 1974).
Sa personnalité de poète et d’homme engagé reste particulièrement marquante, au Chili bien sûr, mais aussi en Europe, où il fait partie des grandes figures du XXe siècle.
Manifestations et expositions lui sont régulièrement consacrées, notamment à l’occasion de commémorations comme celle de cette année ; un film, Il Postino, sorti en 1994 et réalisé par Michael Radford, évoque l’un de ses exils italiens ; le chanteur Jean Ferrat lui a consacré une chanson, La complainte de Pablo Neruda, en 1995 ; le compositeur grec Mikis Theodorakis a mis en musique le Cante generale.
À écouter sur le site de l’Université du Chili qui lui est consacré, les enregistrements de Pablo Neruda lisant deux de ses œuvres : 20 poemas de amor y una cancion desesperada (1968) et Los versos del capitan (1969) : www.neruda.uchile.cl/obra/obra3.htm
Extrait du Cante generale :
Il meurt lentement
Celui qui ne voyage pas,
Celui qui ne lit pas,
Celui qui n’écoute pas de musique,
Celui qui ne sait pas trouver
Grâce à ses yeux
(…)