L’opinion internationale a découvert les FARC au moment de l’enlèvement et de la captivité de la franco-colombienne Ingrid Betancourt, candidate à l’élection présidentielle colombienne enlevée en 2002, et libérée en 2008. Retour sur une guérilla indissociable de la Colombie depuis plus de 50 ans.
Origines et histoire des FARC
Les FARC – dont le nom complet est « Forces armées révolutionnaires de Colombie« – Armée du Peuple – trouvent leur origine dans deux mouvements de l’histoire du pays au XXe siècle : les révoltes paysannes revendiquant une réforme agraire à partir des années 1920, et la Violencia, guerre civile qui a déchiré la Colombie entre 1946 et 1960, avec un pouvoir politique comparable à celui de Franco en Espagne, laissant un bilan de près de 200 000 morts.
La constitution des FARC, en 1966 officiellement, trouve ses racines dans ces deux mouvements, et s’inscrit d’abord dans une résistance au pouvoir militaire, fortement influencée et encadrée par le parti communiste colombien. D’idéologie marxiste, comme la plupart des guérillas d’Amérique latine, (comme le Sentier Lumineux au Pérou) les FARC sont à ce moment là, une organisation avant tout centrée sur les luttes paysannes, les luttes syndicales urbaines et les résultats électoraux.
Les deux grandes figures du mouvement pendant les années 80 sont déjà présentes à ce moment-là : Manuel Marulanda en sera le leader militaire et la principale figure charismatique jusqu’à sa mort en 2008, tout comme Jacobo Arenas, son stratège politique, jusqu’en 1990 (année de son décès – naturel).
Le début des années 1980 marque un tournant majeur pour les FARC : à partir de 1982, la guérilla s’oriente clairement vers un objectif de lutte armée et de prise de pouvoir. À cette nouvelle stratégie, plusieurs explications : l’aggravation des conflits sud-américains, et de la répression militaire des luttes sociales, mais aussi le développement de l’économie du trafic de drogue qui ébranle en profondeur les institutions colombiennes.
Elle entraîne un changement radical dans l’action du mouvement : recrutement massif de partisans, et recherche de moyens de financement adaptés à ces objectifs. C’est à cette époque que les FARC vont investir progressivement et pleinement le trafic de la cocaïne, source de plus en plus importante de financements, aux côtés des revenus qu’ils tirent des enlèvements avec rançons, et de l’extorsion de fonds auprès de particuliers ou des finances publiques.
Dernière évolution : dans les années 90, les FARC deviennent une guérilla autonome vis-à-vis du parti communiste, privilégiant exclusivement la guérilla militaire.
L’implantation des FARC
Enracinées initialement dans le sud du pays, les FARC étendent considérablement leurs zones d’influence à partir des années 80 ; celles-ci sont choisies pour des raisons stratégiques de contrôle de l’économie : régions de production de matières premières (Uraba, Arauca, Guajira), de culture de la coca (frontières du Venezuela et de l’Equateur), accès aux voies de communication pour l’exportation de la drogue et l’importation d’armes.
Parallèlement, les FARC cherchent à renforcer leur implantation dans les villes. En 1998, l’organisation compte 17 000 membres et se voit accorder par le gouvernement la démilitarisation d’une zone de 42 000km².
Les années 2000
Pourtant, la guérilla ne profitera pas de ces succès : à la fois par incapacité du mouvement à faire évoluer sa stratégie politique et à prendre en compte les mutations du pays, mais aussi en raison de la stratégie du président Uribe, élu en 2002, qui renonce à toute négociation avec les FARC pour viser exclusivement leur affaiblissement militaire, avec l’aide massive des Etats-Unis et la constitution de groupes para-militaires. La mort de leur leader incontesté, Manuel Marulanda, en 2008, contribue aussi à affaiblir le mouvement.
La stratégie de prise d’otages politiques des FARC, dans les années 2000, est également un échec : ceux-ci étaient destinés à la fois à servir de monnaie d’échanges pour obtenir la libération des prisonniers du mouvement, mais aussi à fournir une arme de négociation avec le pouvoir et de financement par le biais des rançons exigées. Par ailleurs, la médiatisation autour de la détention des otages politiques, notamment d’Ingrid Betancourt, renforce l’impopularité des FARC : en 2008, près de 2 millions de Colombiens manifestent contre la guérilla.
L’arrivée au pouvoir en 2010 de Juan Manuel Santos est suivie de la disparition de plusieurs leaders importants de la guérilla. En février 2012, les FARC annoncent renoncer définitivement à l’enlèvement de civils.
L’organisation compte aujourd’hui environ 9 200 membres, et des négociations sont actuellement (janvier 2013) en cours à la Havane entre les FARC et le pouvoir colombien.
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